MARSEILLE MUNICIPALES 2014 ; Grand Festival de l’Humour Phocéen

Pour ceux que la politique rebute par son austérité, sa langue de bois, ou ses imbitables discours de spécialistes, voici enfin de quoi renouer, dans la bonne humeur, avec des politiciens décomplexés et accessibles, qui font de ces élections municipales, une grande fête de la démocratie, et de l’humour…

En effet, cela faisait belle lurette que des programmes électoraux ne m’avaient autant stimulé les zygomatiques. Longtemps qu’une stratégie de croissance économique ne m’avait à ce point diverti. Une éternité que je ne m’étais poilé de la sorte à la lecture d’un projet environnemental. Jamais je n’avais attrapé pareil fou rire en consultant un plan de sécurité et il s’en est fallu de peu pour que je mouille mon froc au regard des ambitions sanitaires de certains pour la charismatique cité phocéenne.

Bienvenue au grand concours politico-comique de Marseille Municipales 2014!

Cette année encore, et plus que jamais, la crème des humoristes politiques de la seconde ville hexagonale sont résolus à redoubler de créativité pour vous offrir un merveilleux spectacle! Avec, est-il encore nécessaire de les présenter, nos deux favoris: le Maire sortant, triple champion municipal et triple champion sénatorial, j’ai nommé Jean-Claude GAUDIN et son challenger le plus en vue dans les sondages, champion du 1er secteur, Patrick MENNUCCI! Ils devront cette année affronter de féroces challengers tels le pugnace Stéphane RAVIER, le syndicaliste Jean-Marc COPPOLA, et enfin le surprenant outsider, ancien président du très populaire Olympique de Marseille, j’ai nommé Pape DIOUF!

Entrons tout de suite dans le vif du sujet, avec un bref aperçu de leurs ambitions respectives.

En terme d’intégrité politique, tous, à l’exception du maire sortant, s’accordent à vouloir plus de transparence… Bon voilà, c’est tout.

Ensuite, notons l’utilisation quasi unanime d’un certain nombre de ressorts grivois bien connus par les professionnels du genre, telle «l’obsolescence des propositions», avec pour exemple le développement du port autonome pour résorber le chômage (C’est bien connu, le commerce maritime, c’est l’avenir!) , l’aménagement de toilettes publiques afin de contenir l’insalubrité de la métropole (Initiative novatrice et suffisante, sous le Ier Empire…), ou encore l’utilisation du comique dit « de la surenchère » notamment concernant les places en crèches : « +300 à ma gauche, +500 au centre, qui dit mieux? +500 une fois, +500 deux fois,… +1.000 à ma droite ! », mais aussi sur les effectifs de la police municipale : « +50% à droite, +100% à gauche, +200% pour le monsieur tout à droite là-bas contre le mur! »

Particularité inattendue de la cuvée 2014, l’influence de la télé-réalité qui a visiblement inspiré certains de nos candidats. Ainsi la mise en place de lignes directes « Allo Mairie », comme l’original « Allo Mairie Ecole » proposé par notre fanfaron de la mairie du 1er, un classique « Allo Mairie Insécurité » pour notre frontiste, mais le plus surprenant, il faut bien l’avouer, vient de notre champion toutes catégories avec un « Allo Mairie Propreté ». Je ne résiste pas à la tentation d’une petite mise en situation avec l’accent:

  • « Allo Mairie Propreté !? Je voulais signaler la présence d’une crotte apparemment d’origine canine, à l’angle de la Canebière et de la rue St Ferréol !  »
  • « Merci de votre appel, nous envoyons immédiatement dans le meilleur des délais l’équipe d’intervention propreté, afin de pratiquer une intervention immédiate sur site dans le meilleur des délais ! »

Je vous propose maintenant, cher public, de nous pencher sur les spécificités fantaisistes de nos baladins et c’est à ce moment, nous allons le constater ensemble, que l’écart se creuse entre les favoris et leurs poursuivants.

Différence notoire entre l’échappée et le peloton, ces premiers assument pleinement leur bourgeoisie, ce qui leur confère une palette sarcastique supplémentaire, celle de l’emphase. En effet, si près d’un tiers de la population marseillaise vit sous le seuil de pauvreté (INSEE nov.2011) M. GAUDIN et M. MENNUCCI n’éprouvent aucune timidité à la redondance ni à la démesure.

Pour exemple, notre sénateur PS propose la construction d’une nouvelle piscine municipale jouxtant la plage des Catalans. Plage à côté de laquelle se trouve le renommé Cercle des Nageurs, une piscine privée où fouler le pédiluve, pour un fils de personne, avoisine les 3.000€. (Tarifs 2014) C’est à ce moment que seule la culture phocéenne peut permettre d’apprécier la fourberie d’une nouvelle construction. En effet, faute de moyens et de personnel, sur les 21 piscines que compte la municipalité de 850 602 habitants (INSEE jan.2013), 5 sont laissées à l’abandon, 2 sont officiellement fermées pour travaux, 9 sont fermées le samedi et toutes sont fermées le dimanche…

Ainsi, maîtrisant aussi finement le sarcasme que la grandiloquence, nous sommes contraint de constater la considérable supériorité de nos élus sur les planches du grand cabaret électoral. Car si l’attendrissant COPPOLA, se targue de quelques bonnes blagues comme «Promouvoir les sports de plein-air comme la pétanque» …à Marseille… (Comique populaire repris d’ailleurs par grand frère MENNUCCI) ou si le décidément décevant Ravier, peine à nous arracher un rictus avec sa lubie d’aquarium géant, (idée néanmoins reprise avec brio par le maître ci-après) les plus hilarantes cartouchières ont été percutées, nous devons le concéder, par notre fantasque badineur de salon, notre béotien des TV shows, notre lubrique histrion, grand duc de la bouffonnerie, légende vivante de la fumisterie, notre worldwilde champion, j’ai nommé l’inégalable GAUDIN!

Avec, parmi les meilleures répliques de son one man show: «les boutons d’alertes» et leurs «2.000 caméras supplémentaires» qui, couplées à «une police montée» lutteront efficacement contre l’insécurité. Ou encore l’idyllique «piétonisation du centre ville» afin de lutter contre la saturation automobile.

Mais c’est encore dans les domaines de l’économie, de la culture et des loisirs, que notre condor de la baraterie prend définitivement toute son envergure. Avec comme projets culturels pour celle qui en a été la Capitale européenne 2013, la construction de «Stades plus grands», l’ordonnance «d’un Futuroscope de la Mer» et, béton toujours car il faut bien nourrir les copains, l’édification «d’un Casino Municipal»! (Rappel: 1/3 de la population vit sous le seuil de pauvreté…)

Et pour garder la foi, comme je pleure déjà mais ne sais plus si ce sont vraiment des larmes de joie, le clou du spectacle: «La création d’un village de la mode et du design»… Oui, un village de la Mode… A Marseille… La ville où même les smoking portent les trois bandes ; la ville où les vraies couleurs officielles sont le zèbre, le léopard et le fluo ; la ville où la marque locale de jeans s’appelle «Plein le Q»!

Ainsi, de ces formidables demi-finales, nous retiendrons la bonne première partie de Jean-Marc COPPOLA qui hélas, malgré une prometteuse entrée en matière, s’essouffle trop rapidement pour finalement se dégonfler comme une baudruche. Nous tenterons d’oublier la médiocre prestation de Stéphane RAVIER, qui cette saison manque cruellement d’inspiration, de créativité, et se contente de nous resservir la soupe de ses aïeux. Nous féliciterons néanmoins notre outsider, Pape DIOUF, qui malgré son engagement, notamment sur les figures imposées ne parvient pas vraiment à imposer son esprit et sa malice, dans ce grand festival du rire. C’est souvent l’erreur des novices, trop de sérieux, de concertation, de lucidité, je dirais même, à certains moments, trop de réalisme pour créer le décalage nécessaire à la farce.

La farce, genre comique par excellence, qu’en revanche nos éléphants du burlesque, nos magistrats de la fourberie, nos académiciens de la couillonnade, domestiquent à merveille. Si l’avantage semble être donné à l’incontournable Jean-Claude GAUDIN, il devra néanmoins rester très vigilant face au redoutable Polichinelle Patrick MENNUCCI!

Les dés sont jetés et c’est confiant que nous nous en remettons au vote de la plèbe qui j’en suis sûr, cette année encore nous illuminera de sa clairvoyance.

Je vous donne rendez-vous le week-end prochain pour une finale qui, quoi qu’il se passe, saura assurément nous ravir et à l’issue de laquelle, j’ai la joie de vous le rappeler, sera désigné le clown de la municipalité, à qui nous délivrerons les clefs de la cité et avec elles, l’impunité du pouvoir pour les 6 prochaines années!